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  • Photo du rédacteurHeForShe NEOMA BS Rouen

Liberté et choix : deux enjeux toujours autant d'actualité ?

La loi sur la bioéthique est passée en seconde lecture au Sénat début février. Cette loi a relancé le débat sur la manière dont on appréhende la liberté d’utiliser son corps comme on le souhaite. Revenons sur un point évoqué dans cette loi : le don de gamètes ; et aussi sur un sujet similaire lié au choix : l’avortement.



1 - ) Le don de gamètes :

Le don de gamètes fait référence au don d’ovocytes (gamètes femelles) et au don de spermatozoïdes (gamètes mâles). En France, c’est un sujet qui est resté très longtemps tabou, puisque pris en compte dans la loi uniquement à partir de 1994. Jusqu’à 2011, les conditions pour donner ses gamètes étaient très strictes et les dons étaient très faibles. Face à ce manque, la loi sur la bioéthique a évolué en 2011 pour permettre d’élargir ces conditions qui sont actuellement les suivantes. Pour pouvoir faire un don d’ovocytes ou de spermatozoïdes il faut :

· Avoir entre 18 et 37 ans pour une femme

· Avoir entre 18 et 45 ans pour un homme.

· Être en bonne santé


La dernière condition est sujette à polémique : il faut que le/la partenaire du donneur ou de la donneuse soit consentant.e à ce que son ou sa partenaire donne ses gamètes. Autrement dit, tout.e donneur.se aurait besoin que son ou sa partenaire lui donne une permission écrite pour donner ses gamètes. La conséquence de cela est que beaucoup de donneur.se.s préfèreront se dire célibataire plutôt que de demander à leur match Tinder de deux semaines une autorisation pour pouvoir aider les autres.


Toutefois, il est compréhensible que cette cause ait été mise en place puisque la décision de l’un.e de partenaires affecte le couple et que dans les conséquences du don d’ovocyte sur la personne qui le fait impacte durablement la contraception de cette personne, touchant donc l’autre partenaire aussi. Le ou la partenaire ne devrait peut-être pas avoir mot à dire sur cette opération, mais dans une relation basée sur la confiance, cette loi sur la bioéthique ne devrait pas être un obstacle au don.


Le 4 février, le Sénat a voté contre l’autoconservation des ovocytes, ce qui signifie qu’aujourd’hui en France, si vous souhaitez conserver vos ovocytes pour avoir un enfant plus tard, il ne vous est légalement pas possible de le faire. Aujourd’hui toute personne souhaitant conserver ses ovocytes, doit donner au moins 5 ovocytes au don, avant de pouvoir en garder pour soi.

Des éléments qui font polémiques pour certaines personnes, qui considèrent que chacun devrait pouvoir disposer de son corps de la manière dont iel le souhaite.

2-) L’avortement :

L’avortement a été autorisé en France depuis bientôt 50 ans, malgré des débats compliqués à l’Assemblée Nationale lors de sa revue. Pourtant, dans le monde entier, chaque jour, l’avortement est une bataille. Dans certains autres pays, comme la Nouvelle-Zélande, la législation ne vient de changer en faveur de la dépénalisation qu’en 2020, soit l’année dernière. En Pologne, au contraire, le gouvernement en place a mis en place des politiques répressives du droit à l’avortement. Des femmes violées, abusées, dans des situations précaires, mineures…; subissent des grossesses non-désirées tous les jours. Certains pays ne voient pas l’avortement d’un bon œil, même quand il est accidentel, comme ce fut le cas pour Evelyn Hernandez au Salvador, 16 ans, qui, après avoir été violée, est tombée enceinte, et a fait une fausse couche. Elle fut par la suite condamnée pour avoir perdu son fœtus.


Des « assemblée[s] d’hommes », pour reprendre les mots de Simone Veil, décident tous les jours de l’avenir de millions de femmes. Ce manque de prise en compte des femmes qui avortent conduisent ces femmes à tenter d’avorter par tous les moyens, y compris parfois en mettant leurs vies en danger. Du point de vue des défenseurs d’un droit inconditionnel ç avorter, il est difficile d’entendre que l’on priorise la vie d’un fœtus plutôt que la vie de la mère. Il est aussi difficile pour les défenseurs de voir la culpabilisation des femmes qui souhaiteraient avorter, alors même qu’une IVG est une opération technique compliquée qui peut avoir des conséquences psychologiques et physiques grave pour la personne qui la subit.


Beaucoup considèrent que la liberté d’avorter se résume dans le fait que personne ne devrait être forcé à avorter, mais que personne ne devrait se voir une IVG refusée non plus.

Il ne faut bien évidemment pas oublier qu’une IVG a, en plus, des impacts physiologiques néfastes sur la personne qui y a recours. En effet, si l’on prend l’exemple de l’IVG médicamenteuse, des effets secondaires nuisibles arrivent dans la grande majorité des cas. Les médicaments utilisés lors d’une IVG peuvent provoquer plusieurs effets indésirables. La fatigue est l’effet secondaire le plus fréquent (88%), puis les nausées (70%), les vertiges (42%), les céphalées (42%), les diarrhées (37%), et enfin les vomissements (28%). Au total, 94% des femmes ont déclaré au moins un de ces symptômes, autres que la douleur, dans les cinq jours qui ont suivi l’IVG. Pour une IVG chirurgicale, arrivent couramment des effets secondaires comme une fièvre dépassant 38°, d'importantes pertes de sang, de fortes douleurs abdominales, des malaises... Tous ces éléments ne servent à rappeler qu’une seule chose, comme l’a dit S. Veil : « Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement, il suffit d'écouter les femmes. »




Un avis partagé parmi les personnes qui défendent le droit inconditionnel à disposer de soi est qu’il désolant qu’aujourd’hui encore la liberté ne soit pas totale, que ce soit le droit de donner ses gamètes, de les conserver ou encore d’avorter. Toujours pour ces individus, lorsqu’il en vient aux liberté individuelles, jamais personne ne devrait imposer une quelconque décision sur quelque chose qui ne lui appartient pas, comme le corps des autres.

Il n’y a pas de compromis qui existe quand il en vient à la liberté de choisir.


Thomas Pernon




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